à la découverte de la filière fleurs méditerranéenne - le marché de San Remo
Entre novembre et avril, c'est la saison des fleurs du pourtour méditerranéen. Produites sur un arc allant de San Remo en Italie à Hyères dans le Var, elles nous remontent ensuite par l'intermédiaire des marchés aux fleurs de San Remo, Nice et Hyères.
Tous les ans, nous descendons une à deux fois pour aller rendre visite à nos producteurs et se faire une idée de l'état de la filière. Fin janvier, nous avons décidé de pousser cette année jusqu'à San Remo, qui est sur le même bassin de production que nos fleurs du Sud.
Premier sujet : descendre jusque là. Nous décidons de prendre le train pour Nice, de dormir sur place et de démarrer à l'aube le lundi pour nous rendre au marché aux fleurs de San Remo, à une cinquantaine de minutes de là. L'objectif : y être pour 5h30, le marché au cadran démarrant à 6h. On met donc le réveil à 4h, départ 4h30, pour arriver pile à l'heure à San Remo.
Le marché de San Remo a été construit entre 1982 et 1992 et mesure 120 000 m² au sol. Il est aujourd'hui majoritairement vide, ses étages sont occupés par des centres de formation, et une partie de l'espace au sol a été condamné pour servir de centre d'entraînement pour des gymnastes ou accueillir des démonstrations de moto acrobatique. Au premier étage du bâtiment, entouré d'une cour
sive pour les véhicules, se tient le marché au cadran (marché aux enchères inversées). Le rez-de-chaussée accueille des "cases", sortes de mini-entrepôts individuels, pour les grossistes en fleurs.
Le marché se tient le lundi matin et le mercredi matin : les producteurs apportent leurs chariots de fleurs, principalement anémones et renoncules, qui passent devant les acheteurs pour être attribués en lot au premier à se manifester. Ce lundi, les prix se sont envolés, tirés par le marché russe vers lequel la plupart des chariots
seront expédiés en prévision de la Saint Valentin. Ce sont plus de 200 000 tiges qui ont été vendues, un "petit lundi" car le pic de production n'est pas encore atteint.
Au sous-sol, quelques producteurs apportent leur marchandise directement aux grossistes, soit parce qu'ils ont des contrats d'approvisionnement "hors cadran" avec eux, soit parce que les variétés de fleurs qu'ils cultivent ne passent pas au cadran, comme ces anthémis considérées comme des "fleurettes", déchargées directement au sous-sol, sans passer par la case enchère.
Le marché est calme et bien organisé, le volume déjà conséquent perdu dans l'immensité de la halle quasi vide.
Et autour du marché, au lever du jour, on aperçoit une multitude de serres accrochées à la colline. Toutes ne sont plus exploitées, mais le paysage porte la trace de l'intensité passée de la production. Aux dires des producteurs locaux, San Remo bénéficie d'un micro-climat qui la différencie de Nice et même de Vintimiglia, pourtant située à quelques kilomètres de
là : la zone de production est encaissée sur des collines en cercle autour de la ville, donnant directement sur la ville. Il y fait 3 à 4 degrés de plus que dans les villes voisines, protégeant les cultures du gel à quasi 100%.
Après un café pris très au sérieux par le bistrot du marché, un vrai bon café italien, direction l'entrepôt du grossiste Ciesse, installé à quelques kilomètres de là. Fournisseur de certains de nos grossistes de Hyères, ils achètent de la marchandise au marché de San Remo et la revendent en direct en Allemagne ou aux Etats-Unis. Les fleurs décollent alors directement de Nice pour traverser l'Atlantique sans passer par la Hollande, ce qui devient de plus en plus rare.
Dans un prochain article, on vous emmène pour la suite de notre journée chez Roberto, producteur-grossiste à Vintimiglia !